Au cours de mes deux années comme EUPHEM fellow, j’ai travaillé sur de nombreux projets de différentes envergures. Premièrement, je me suis intéressée à l’évaluation d’une nouvelle méthode moléculaire pour la surveillance du virus de la rougeole dans les pays où la maladie est déclarée éradiquée, comme en Espagne. Deuxièmement, en octobre 2021, j’ai été invitée à participer à l’investigation d’une épidémie de norovirus dans le nord de l’Espagne. Cette étude fut pour moi l’occasion de collaborer avec les épidémiologistes sur le terrain et de me familiariser avec les méthodes de surveillance pour les norovirus. Enfin, en janvier 2022, le Royaume Uni signala une augmentation significative du nombre de cas de shigellose montrant une résistance antibiotique extrême. Cette augmentation fut reliée à une transmission sexuelle chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (MSM). Par suite de l’alerte lancée par le CDC Européen concernant cette augmentation, le centre national de référence des shigelles renforça la surveillance des cas en implémentant le séquençage du génome complet de tous les cas de shigelle résistant à trois classes d’antibiotiques ou plus. Cette étude a permis de mettre en évidence l’ampleur de l’épidémie de shigellose multi-résistant à l’échelle européenne. Elle fut également le point de départ d’un projet en collaboration avec le Portugal pour étudier la circulation de ces souches multi-résistantes depuis 2015 dans la péninsule ibérique.
Durant mon postdoctorat, j’ai continué d’explorer le lien entre les infections aigües et la réduction du risque cancéreux. Notamment, j’ai étudié le rôle des antigènes partagés générant une réponse immunitaire chez les patients atteints de cancer mais qui sont également produits de manière transitoire à la suite d’une infection. Mes travaux reposaient sur l’hypothèse qu’une mémoire immunitaire développée contre les antigènes partagés pourrait diminuer le risque cancéreux. J’ai testé l’hypothèse selon laquelle l’apparition des antigènes partagés pourrait être liée à des événements inflammatoires aigües. Nous avons également voulu tester l’existence d’un seuil de détection par le système immunitaire des changements antigéniques graduels au cours du processus cancéreux. En effet, un compromis existe entre l’élimination de cellules avec des caractéristiques pré-malignes et les pathologies auto-immunitaires. Finalement, nous avons voulu mieux définir quel type d’infection pouvait entraîner une réponse immunitaire anti-tumorale. En résumé, les travaux réalisés à l’université de Pittsburgh ont mis en lumière l’importance des antigènes partagés dans la prévention du cancer à la suite d’infections. Ces travaux ont été poursuivis avec la mise en place d’un essai clinique de phase I pour tester l’immunogénicité et la sécurité d’un vaccin préventif contre le cancer du sein. C’est ce qui m’a poussée à me réorienter pour suivre une approche de santé publique à mon retour en Europe.
Je suis titulaire d'un doctorat de l’Université Montpellier 2. J'ai réalisé mes recherches au sein du laboratoire MIVEGEC, sous la direction de Frédéric Thomas et Benjamin Roche. Ma thèse avait pour principal objectif d'identifier l'impact des maladies infectieuses sur l'incidence des cancers. Elle a donc été à l’interface de plusieurs disciplines telle que l'immunologie, la cancérologie, l'écologie et l’évolution. En s’appuyant sur des données à l'échelle mondiale, sur de la modélisation théorique et des études expérimentales (sur les mouches Drosophile), l’objectif principal de cette thèse était de comprendre les rôles des pathogènes dans le développement des cancers. Au cours de ma thèse, j'ai également enseigné l'immunologie et l'hématologie à l'IUT de Montpellier et participé à plusieurs projets de vulgarisation scientifique comme la fête des sciences, la semaine du cerveau et ma thèse en 180s.
Mes études ont principalement porté sur l'écologie et l'évolution des maladies transmissibles, avec un intérêt particulier pour les maladies tropicales. Au cours de mon parcours, j'ai réalisé plusieurs stages qui m'ont conduit à m'intéresser à des agents infectieux variés. En licence à l'Université de Aix-Marseille j'ai étudié la transmission des bactéries responsables de la fièvre des tranchées par les poux de corps chez les SDFs. Puis en Master à Montpellier, je me suis intéressée à la transmission de la maladie de Lyme par les tiques. Pour finir, je me suis rendue sur le terrain au Burkina Faso pour étudier l'impact du changement climatique sur la transmission du paludismepar les moustiques .
Mon premier article de vulgarisation dans the Conversation : ici.
L'ensemble de mes publications académiques en premier auteur (Update Fev 2024):
Jacqueline C, .... Herrera-Leon S. [2024]. Phenotypic and genetic characterization of antimicrobial resistance in Salmonella enterica serovar Choleraesuis isolates from humans and animals in Spain from 2006 to 2021. Journal of Antimicrobial Chemotherapy
Jacqueline C, .... Herrera-Leon S. [2023]. Genetic characterization of extensively-drug resistant Shigella sonnei infections in Spain, 2021-2022. Emerging Infectious Diseases
Jacqueline C, Gavilan AM, Lopez-Perea N, Penedos AR, Masa-Calles J, Echevarria JE, Fernandez-Garcia A. 2023. [2023] Utility of MF-noncoding region for measles molecular surveillance during post-elimination phase, Spain, 2017–2020. Front. In Microbiology.
Jacqueline C, del Valle Arrojo M, Bellver Moreira P, Rodríguez Feijóo MA, Cabrerizo M & Fernandez-Garcia MD. [2022] Norovirus GII.3[P12] outbreak associated with the drinking-water supply in a rural area in Galicia, 2021. Spectrum Microbiology
Jacqueline C, Dracz M, Xue J, Binder RJ, Minden J, Finn O. [2022] LCMV infection generates tumor antigen-specific immunity and inhibits growth of nonviral tumors. Oncoimmunology.
Jacqueline C, Dracz M, Boothman S, Minden J, Gottschalk R, Finn O. [2021] Identification of Cell Surface Molecules That Determine the Macrophage Activation Threshold Associated with an early stage of Malignant Transformation. Frontiers in Immunology.
Jacqueline C, Lee A, Frey N, Minden J. S. & Finn O. J. [2020] Inflammation-induced tumor antigen expression on epithelial cells reveals the mechanism of their generation and provides a system for identification of new tumor targets. Cancer Immunology Research.
Jacqueline C & Finn O. J. [2020] Antibodies specific for disease-associated antigens (DAA) expressed in non-malignant diseases reveal potential new tumor-associated antigens (TAA) for cancer immunotherapy or immunoprevention. Seminars in Immunology (Review).
Jacqueline C, Parvy JP, Faugere D, Renaud F, Missé D, Thomas F, Roche B. [2020] The role of innate immunity in the protection conferred by a bacterial infection against cancer: study of an invertebrate model. Scientific reports
Jacqueline C, Abbate JL, Sorci G, Guégan J-F, Thomas F & Roche B. [2018] The macroecology of cancer incidences in humans is associated with large-scale assemblages of endemic infections. IGE.
Jacqueline C, Bonnefoy N, Charrière G, Thomas F & Roche B. [2018] Personal history of infections and immunotherapy: unexpected links and possible therapeutic opportunities. Oncoimmunology (Review).
Jacqueline C, Brazier L, Faugère D, Renaud F, Thomas F & Roche B. [2017] Can intestinal microbiota be associated with non-intestinal cancers? Scientific Reports.
Jacqueline C, Tasiemski A, Sorci G, Ujvari B, Maachi F, Missé D, Renaud F, Ewald P, Thomas F & Roche B. [2017] Infections and cancer: the ‘fifty shades of immunity’ hypothesis. BMC Cancer (Review).
Jacqueline C, Bourfia Y, Hbid H, Sorci G, Thomas F & Roche B. [2016] Interactions between immune challenges and cancer cells proliferation: timing does matter! Evolution Medicine and Public Health.
Jacqueline C, Biro P, Beckmann C, Moller AP, Renaud F, Sorci G, Tasiemski A, Ujvari B & Thomas F. [2016] Cancer : a disease at the crossroads of trade-offs. Evolutionary Applications.